Tout le plaisir du monde à
introduire ce modeste travail
Le grand siècle est un champ de bataille. Pour comprendre les mœurs, la littérature et les beaux arts de cet âge, il faut oublier ce que l’on croit savoir et prêter attention à une longue suite poétique signe de l’art classique ; dans ce con****e, j’attire l’attention de nos chers lecteurs pour leur informer que le genre littéraire poétique n’est jamais séparé d’une morale ; morale de l’œuvre qui est le résultat d’une attitude de vie, menée toujours en adéquation avec des valeurs d’existence communiquées dès le jeune âge .
Permettez-moi chers lecteurs de vous présenter une figure inoubliable de la poésie égyptienne arabe. C’est le grand poète « Abdelmeged FERGHALI » né le 14/01/1932 dans les plus belles des régions « Asyut », nourri de ses traditions et coutumes. Il n’a pas hésité un moment à présenter une image excellente de cette vie.
C’est en feuilletant les pages du face book que j’ai eu l’honneur de connaitre ce compositeur et de lire certains émouvants vers extraits de ses poèmes poignants parus dans certaines conférences poétiques.
J’ai eu le plaisir de découvrir un vrai poète compétent, qui nous fait rappeler, nous les arabes, nos ancêtres « Elmoutanabbi, Ibn roumi » et des autres grands poètes. Sa poésie émane de notre appartenance arabo-musulmane comme l’a réclamé lui-même « l’arabisme est notre patrie » quand on lui demandait son origine ou sa nationalité.
Cheikh FERGHALI est l’un des poètes les plus éloquents du 20eme siècle. Il composait des vers durant 60 ans ; sa carrière poétique en est la preuve : plus que 100 recueils de poèmes. Il possédait une immense création replacée dans la lumière et dans la liberté.
Son œuvre paraissait comme soumise à une représentation plastique et artistique d’une certaine inspiration, fruit de son expérience personnelle mais aussi de sa volonté de conquérir et d’unir les arabes sous un seul drapeau.
Souhait éperdu, mais il arrive qu’on perçoive chez notre poète un accent tout autre, quasi sacré qui lui est venu de son admiration et son attachement étroit à son arabisme. Citons ces quelques vers parlant de l’union arabe :
« Soyez la bienvenue …..Mère
Pour te satisfaire, j’ai sacrifié une terre
Préserver l’honneur,
Et sauvegarder à Kairouan
La citadelle de « Okba »
De « L’arabisme et le retour de la Palestine »
Le poète abhorrait l’idéologie guerrière. Sa célèbre épopée « Ibrahim Elkhalil » est considérée comme l’hymne des arabes puisque c’est l’histoire en vers d’un prophète arabe musulman et de ses exploits. Voila quelques vers, extraits de cette épopée :
Sur les tentes d’Ibrahim, tournez
De toute place, arrivent les hôtes
Les invités veulent se nourrir
Tous tournent autour de lui
La tente de solidarité est durable
En été ou en automne
Les vers du poète ne se contentent pas de véhiculer seulement une présentation des exploits arabes ; ils sont eux-mêmes jouissance en paroles et en actes. Le poète tend à maintenir le langage au service des causes humanitaires comme la glorification des aventures des résistants arabes comme l’algérienne « Jamila Bouhird » :
C’est le souvenir de Jamil a
Fille de Bouhird, la noble
Comment pouvons-nous oublier
Les faits de Jamil a
A mon pays, l’humiliation
Ne prendra jamais route.
Cette démarche créatrice consiste à adapter le ****e au sujet qu’il aborde. C’est pourquoi l’on ne saurait parler d’une rhétorique unique, d’un seul mode d’expression joignant poésie classique et poésie moderne. En fait, son objectif est de façonner, modeler une forme rhétorique : il est alors amené à travailler en véritable artisan de langage, sur les différentes dimensions du signe linguistique.
Une analyse des principales des œuvres du poète montre que la création poétique est chez lui totalement indissociable d’une réflexion sur le langage.
Je suis l’ancienne versification
Ainsi que la nouvelle
Ainsi, à la manière des anciens
Et aussi des nouveaux
Récitée ou écrite, la poésie est loin des discours habituels de la prose qui décrivent, narrent ou informent. C’est un visage singulier du langage.
Ses types, je les ai renouvelés
La louange ainsi que l’éloge
Et voila, autre chose, notre poète est un romantique. Il faut l’écouter, le regarder, ce poète admirable, cet homme qui décrypte les sentiments et appelle à vivre des émotions nobles. Son ****e poétique, placé entre les mains du lecteur, jubile avec enthousiasme et volubilité. Il permet ainsi de glisser des mots aux significations avec une ivresse lucide et une effervescence qui procurent bonheur et jouissance jusqu’à l’épanouissement du sujet.
Ses poèmes d’amour en sont la parfaite illustration « dans les jardins d’amour/ l’amoureuse de la lune.. »
Voila quelques extraits :
Tu es proche de moi cœur et âme
Dans les jardins d’amour
Celui qui adore un amant le choisit
Et vit dans les jardins d’extase et d’amour
De son poème « les jardins d’amour »
Notons qu’à la manière de ses contemporains, mais aussi exclusivement, il donne à la femme aimée une certaine magie. Il l’a glorifie en marquant sa beauté mais aussi sa volupté.
Modèle de construction, ordonnance métrique, schémas rimiques, musicalité et lexique sont tous mobilisés pour aider à l’épanouissement des idées de grâce et de charme.
Pour finir ce modeste travail et cette petite esquisse je dirais : à nos jeunes poètes, à ces plumes hésitantes qui se cherchent encore, à ceux qui écrivent sans prétention, qui veulent évoluer et atteindre un jour à l’éblouissante splendeur du verbe ; il serait bien profitable de suggérer la lecture des différents recueils dont nous parlons sans occasion particulière. A-t-on vraiment besoin d’occasion pour parler des grands ? Et si l’ombre du « cheikh FERGHALI » se profile partout, victorieuse et impérissable, sur le long fleuve de la poésie égyptienne contemporaine, comment faire pour ne pas la voir , et pour ne pas la célébrer, toujours et encore ?